Il y a deux siècles, notre commune était encore très rurale. La donne a changé mais l’histoire des terres du Pont-Long, notamment, mérite d’être rappelée.
Il suffit, aujourd’hui, des doigts des deux mains pour comptabiliser les agriculteurs encore réellement en activité sur le territoire communal. On peut le regretter, d’autant que les racines de l’histoire sauvagnonnaise sont profondément ancrées dans le monde rural. En effet, il n’est en rien exagéré ni réducteur de rappeler que, seulement deux siècles auparavant, Sauvagnon était encore un village de paysans.
Sa population – environ 650 âmes en 1820 (1) – était largement composée de laboureurs et de travailleurs journaliers. D’ailleurs, des documents d’archives recensent pas moins de 90 familles sous l’un de ces deux statuts. Les premiers ne possédaient en général qu’un attelage, une charrue, un maigre troupeau de 4 ou 5 têtes, et travaillaient la plupart du temps avec leurs proches. Ce sont eux qui, une fois la période des foins et des moissons venue, embauchaient des journaliers. Particulièrement modestes, ces derniers n’avaient, bien souvent, qu’une toute petite parcelle de terre et, surtout, deux bras à louer, leurs épouses étant placées comme domestiques.
Déjà peu fortunés, ces agriculteurs ont en plus souffert de la grande peste du bétail qui, au cours de la seule année 1774, tua… 80% du cheptel de bovins. Heureusement, le meilleur était à venir avec les débuts de la culture du maïs, après la Révolution…
L’histoire tourmentée des pacages du Pont-Long
Le caractère très rural de Sauvagnon se conjugue, aussi, avec l’histoire, moins connue, des vastes et riches terres du Pont-Long et de son droit de pacage. Il faut d’abord rappeler que les lieux appartiennent, depuis l’Antiquité semble-t-il, aux habitants de Sauvagnon qui, pour cela, payaient des impôts. Mais le travail de ces terres enviées a longtemps été très strictement encadré. Comme le rappellent des documents d’époque, dont un consacré au « Pacage du Pont-Long », les paysans « ne pouvaient commencer à travailler qu’à la Pentecôte parce que les troupeaux des Ossalois pouvaient y pénétrer librement jusque là ». Et c’est pour cette raison qu’ils « ne cultivaient que du millet ».
La donne devait, un peu, changer à partir du XVe siècle, les sauvagnonnais s’organisant alors en communauté. Ils disposèrent dès lors de « jurats » (des magistrats) appelés à délibérer notamment sur les concessions de terrains. C’est ainsi que furent définis, après tractations entre les syndicats, les droits de pacage du Pont-Long. Les habitants de Sauvagnon pourraient construire des cabanes et entourer de fossés les terrains situés près de ruisseaux. Pau et le syndicat de l’Ossau conservaient toutefois leurs droits de pacage sur les terrains désignés sous le nom de Barrails (d’où vient le nom Bareille) et, sur chaque champ, un passage d’une largeur de plus de 2 mètres devait être prévu.En échange, les fermiers obtenaient le droit d’utiliser le seul engrais naturel connu (le fumier) pour fertiliser leurs terres.
Pour autant, les problèmes de cohabitation et d’affrontements entre paysans et bergers ossalois restaient nombreux, nécessitant l’établissement de nouvelles conventions en août 1613.
Moins d’un siècle et demi plus tard, il fut procédé à un nouveau partage des Barrails entre une centaine de chefs de familles. Ce qui donna naissance aux « grabassas ». Le passage de la Révolution française ne modifia en rien les accords passés et un document, daté de janvier 1792, stipule que Sauvagnon n’a rien à craindre de l’exercice de ses droits sur la partie du Pont-Long lui revenant.
Enfin, en 1844, près de 200 hectares étaient assignés à notre commune. Des terres vendues aux habitants par lots de 76 acres, pour la somme de 200 (très anciens) francs. On vous laisse faire le calcul!
(1) Et moins de 1000 habitants jusqu’en 1975 !