Le village recensait beaucoup plus de fermes il y a un demi-siècle. Retour sur une évolution très rapide.
Quelle évolution en 70 ans ! Aujourd’hui, Sauvagnon compte à peine une vingtaine d’exploitations agricoles, mais seulement une dizaine pour lesquelles il s’agit de l’activité principale. Dans les années 1950, la physionomie des fermes n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. En 1970, le recensement agricole dénombrait encore 55 fermes. Voyons comment le monde paysan local a su et dû se transformer.
« Après-guerre, le visage de Sauvagnon était tout autre. «Il y avait des agriculteurs partout» dit Jean Tucou. «Et du monde pour s’occuper de tout » ajoute Alain Hustet, tous deux anciens agriculteurs du village (1). A cette époque, on recense quelques grandes fermes de 25 à 30 ha, des moyennes (de 15-20 ha), les plus nombreuses comptant moins de 10 hectares.
Partout, de l’élevage : des vaches à lait et à viande, quelques cochons, des poules, des oies, des canards, des lapins. Ces exploitations produisent du blé et portent la farine au boulanger en échange du pain.
On cultive également du maïs, destiné aux animaux, des prairies, des betteraves fourragères, mais aussi du tabac,.. Et toutes ou presque ont leur carré de vigne. Le lundi, chacun va au marché de Pau vendre les excédents, ou ce qui a le plus de valeur marchande (foie gras cèpes, palombes par exemple). Bref une économie autosuffisante en dehors de quelques achats réalisés avec l’argent des ventes du marché.
UNE ÉCONOMIE AUTO-SUFFISANTE
Dans les maisons, 3 générations cohabitent. Tout le monde donne un coup de main pour soigner les animaux, sarcler le maïs, le dépouiller (l’espérouquère), récolter le foin, … Les premiers tracteurs (18 chevaux) arrivent au début des années 1950, directement des Etats-Unis à la suite du « Plan Marshall ». Ils remplacent alors la paire de bœufs ou le cheval pour faucher, labourer, transporter.
Un autre tournant est pris avec l’arrivée, encore des Etats Unis à la fin des années 1950, des semences de maïs hybrides.
Les rendements s’améliorent, mais il faut racheter les semences chaque année et apporter de l’engrais. C’est aussi à cette époque que les agriculteurs) Sauvagnonnais défrichent les touyas de la lande du Pont Long. Le maïs va alors remplacer la récolte de tuies qui servaient de litière dans les étables.
UN ENVIRONNEMENT QUI CHANGE
En 1954, la commune compte 556 habitants, en 1975 un millier, et 2 000 en 1990, puis 3 000 vingt ans plus tard. Les municipalités successives ont ouvert le village, les familles propriétaires vendent des terrains constructibles, la proximité géographique de Pau et la vue sur les Pyrénées attirent. L’environnement des exploitations agricoles n’est plus le même.
Difficile notamment d’y poursuivre l’élevage, d’autant plus que la culture du maïs conjugue avantageusement revenu et temps de travail. Les nouvelles générations quittent souvent l’agriculture.
Certains concilient cultures et travail à l’extérieur. Ce sont cette histoire et ce présent qui font, aujourd’hui, notre cadre et notre communauté de vie. Et, en partie aussi, le charme de notre village.(1) Merci aussi à Jean Bareille et Christian Noir pour leurs témoignages