Tout le monde croît connaitre nos bâtiments et monuments. Il y a pourtant tant à dire…
On aurait pu commencer en reparlant des vitraux ou des tableaux peints dans la nef de l’église Sainte-Marie-Madeleine. Relativement anciens – datant de la dernière décennie des années 1800 – il sont l’œuvre de Léonard Fortuné, artiste à la réputation établie. Mais le patrimoine de Sauvagnon ne se résume pas à sa seule église. Loin s’en faut…
Commençons, par exemple, avec la bien nommée Maison pour Tous, très identifiée avec ses murs de belles pierres au centre Bourg. Occupée plus de 30 ans par feu l’Abbé Jean-Grangé, cette bâtisse, globalement conservée dans son jus, a été restaurée il y a maintenant trois décennies. Mais nul ne se souvient plus – et pour cause – du premier presbytère, construit il est vrai à l’époque du curé Lavie, en poste jusqu’en 1715.
Plusieurs aménagements suivirent, au rez-de-chaussée comme à l’étage mais aussi afin de maintenir volières, granges, basse-cour et jardins ! Les livres d’histoire permettent de relever que, en l’An 1778, un charpentier nommé Pierre Peys s’était engagé à refaire charpente et menuiserie pour la somme de 340 livres. Autres chapitres intéressants dans cette histoire mouvementée: la vente, et celle de toutes les dépendances (en 1796), moyennant 2400 francs, à Marie Daubuchou, sœur d’un prêtre d’Asson qui exerçait son ministère sur Sauvagnon, simultanément avec le curé Courrèges (1774-1822).
Dans l’inventaire de Fébus
C’est cette même femme qui a revendu, plus tard, le bâtiment à la commune, non sans se réserver le droit d’utiliser une chambre. A partir de cette période, la collectivité gardait la main. Elle faisait procéder (en 1866) à une énième rénovation de la Maison pour Tous, lui donnant à peu près les proportions qu’on connaît. Pour l’anecdote, le coût du chantier s’était élevé à 15 000 (très) anciens francs, l’Etat participant pour 3000 francs.
Le passé du couvent, aujourd’hui vendu en viager à la municipalité par Charles Malabat, et dont peut s’enorgueillir notre commune, mérite également d’être conté. Derrière sa façade, difficile de deviner l’ampleur d’un tel site religieux. Et pourtant ! Une fois franchies les portes, objets de culte, murs, meubles rares, cimetière des cagots, oratoire dédié à la Vierge, etc… livrent des témoignages forts.
Pour bien comprendre l’origine de cette bâtisse, c’est au XIVème siècle qu’il faut remonter. On ne parlait pas alors de couvent mais d’abbaye laïque, édifice construit près des églises et propriétés du clergé.C’est en 1385, date à laquelle Gaston Fébus organise un inventaire de ses fiefs, que l’on retrouve les traces de ce qui deviendra le couvent. Lequel jouissait déjà d’une certaine renommée.
Des textes font allusion à des ventes, vers 1500, de même qu’en 1608 (pour passer dans le giron du marquis de Lons). La dernière trace écrite remonte à 1786. Entre 1700 et 1830, les ventes de ce bien en l’état se sont succédés. Mais c’est en 1830 que tout bascule. Mlle Heuga, fille de cultivateurs aisés, décide d’acheter avec Marguerite Marie-Guichot, nièce du curé de la commune Lubin Blez, l’abbaye laïque. La dernière nommée se destinait à la religion et avait l’intention de fonder une petite institution…
Le « colosse » de la bibliothèque
Il serait injuste de terminer ce tour d’horizon sans s’arrêter devant la plaque apposée à l’entrée de la bibliothèque. Elle porte, depuis 2011, le nom de Pierre-Beaucor, l’ancien instituteur et homme de lettres tant aimé, un ardent défenseur de l’éducation populaire aussi et qui a siégé au Conseil municipal durant… 30 ans (1965-95). De cet homme remarquable, il y aurait tant à dire…!
Mais on préfère retenir les mots, très forts, prononcés lors d’un hommage posthume, par Jean Chiama, le président de la section départementale des Palmes académiques. Ecoutons-le : «Pierre, homme cultivé, désintéressé, dévoué et au sourire communicatif, nous paraissait indestructible. Et pourtant, aujourd’hui, nous voilà orphelins d’un « colosse ».