Bernard Peyroulet fait un point d’étape sur l’action municipale, deux ans après le début d’un mandat particulier pour cause de pandémie.
– La crise du Covid s’impose à tous depuis les élections : que retenez-vous de ces derniers mois ?
« Que nous avons, avant tout, fait en sorte de ne pas rompre le lien, de rester en proximité. Les plus fragiles sont accompagnés, il y a dans le village une mobilisation de la force publique, du tissu associatif. Je donne ces deux exemples parmi d’autres : il y a eu l’initiative des couturières d’une section du Réveil qui se sont proposées pour confectionner des masques. Et aussi l’achat et le don des masques par la municipalité et pour les administrés, en début de crise, lorsque le grand public n’y avait pas accès. L’élan de solidarité est là et ce n’est pas par hasard. C’est lié au projet politique installé sur la commune . Chacun a éprouvé sa capacité à agir, à donner un peu de son temps pour la communauté sauvagnonnaise. Le lien n’a jamais été rompu, il s’est même renforcé ! »
– «Difficile de ne pas évoquer quand même une frustration ?
« Oui, elle est là par rapport aux aspects conviviaux dont nous sommes tous privés. Nous n’avons pas pu organiser les fêtes de l’été, pas pu rassembler la population. Mais on a su trouver des alternatives, faire preuve de résilience, de constance. Il y a une frustration, mais notre détermination à faire est renforcée ! Tous les sujets sont partagés, on a gagné en efficacité chaque jour de notre mandat et l’assiduité des élus est remarquable.»
– Justement, dans ce contexte inédit, comment conduire l’action des élus locaux ?
« D’abord, il y a un enseignement à tirer : face à des changements profonds, le statu quo n’est plus possible. Nous nous sommes projetés, on a profité de ce « temps de latence » pour réfléchir. Ce qui nous a d’ailleurs apporté la confirmation que nous sommes avant tout des passeurs de témoin, qu’on a l’obligation de transmettre avec une valeur ajoutée. C’est-à-dire en préparant l’avenir, en réfléchissant au-delà du mandat. Nous sommes à peu près au clair jusqu’en 2035 mais on réfléchit même à l’horizon 2050 ! Cela permet d’afficher des ambitions pour le village, en termes de qualité de vie, de services à la personne, sur le sujet de la participation citoyenne, etc… Mais l’équipe est également dans l’action avec, déjà, des marqueurs forts… »
– Pour autant, la collectivité est impactée elle aussi par la crise sanitaire ?
« Bien entendu. Il y a notamment les incertitudes économiques. Mais nous accompagnons, toujours en proximité, avec par exemple, au plus fort de la crise, des exonérations de loyers pour les occupants de locaux municipaux. Il y a eu aussi les achats de masques car c’est un enjeu de solidarité. Et puis, on a fait un état des lieux, pour relancer la machine, ne pas renoncer aux projets même si cela engage des ressources publiques. Nous avons un exemple très concret avec le dossier de la Plaine des Sports qui avance. Il faut continuer à préparer l’après, et on prend toute notre part ! »
– De nombreux dossiers sont effectivement sur la table. Cela veut-il dire que, crise ou pas, Sauvagnon continue d’avancer ?
« En tout cas, je ne crois pas que le rayonnement de notre village en souffre. Nous proposons une vision qui est partagée, exprimée, cela permet d’envoyer des messages, de mener des actions fortes. Et, effectivement, beaucoup de sujets démontrent que ce rayonnement est bien réel. Nous avons eu, par exemple, une reconnaissance départementale et nationale sur le sujet du « Manger bio et local » (lire par ailleurs). Il y a aussi l’attractivité de la commune qui renforce ses services marchands et non marchands avec les installations d’une expert-comptable, d’une psychomotricienne, d’une agence immobilière, le cabinet d’architectes et la clinique vétérinaire à l’Espace Quintaa, des sollicitations régulières de professionnels qui souhaitent s’installer à Sauvagnon. Nous travaillons aussi sur l’installation d’une brasserie au bourg.»
– Mais encore ? Quels autres exemples concrets pouvez-vous citer ?
« On peut parler aussi de notre projet participatif qui, comme je l’ai dit, est mené sur la Plaine des Sports. 60 à 70 personnes sont impliquées, au-delà des élus. Ca, c’est très concret. Il y a également l’accès pour le plus grand nombre à une culture populaire, avec un positionnement affirmé et le choix, politique, de maintenir une grille tarifaire basse. Ou encore la volonté d’accompagner les personnes sans travail avec nos Ateliers de l’Emploi. Sur le plan économique, je tiens à dire que nous devons tous être ambassadeurs des services marchands en privilégiant la consommation sur place. C’est cela une économie circulaire à laquelle on donne du sens. Et, sur ce plan, nous n’avons rien à envier aux autres tant le savoir-faire des professionnels de la commune est reconnu.»
– Les choses bougent aussi du côté des infrastructures de transport, de la voirie…
« Il y a effectivement des dossiers qui sortent. L’une des réalisations phares, c’est l’arrivée des bus Idélis sur la commune que nous avons réussi à obtenir. Aujourd’hui, l’expérimentation se prolonge. Là aussi Il y a nécessité à utiliser ce nouveau service qui n’était pas gagné d’avance et pas encore pérennisé. Par ailleurs, de lourds travaux de séparation des réseaux sont entrepris sur le quartier de l’Ensoureilhado et il y a, également, en partenariat avec la Communauté des communes, l’ouverture d’un bassin de rétention au Labarthe qui doit améliorer la protection des habitants et des habitations lors d’épisodes pluvieux de plus en plus fréquents et violents. Enfin, en terme de voirie, un audit a été fait. Nous commençons à intervenir sur les lieux les plus densément habités, les plus fréquentés, les plus dégradés également. Tout cela est cohérent.»
Un message porté jusqu’à Paris
Dans la droite ligne de la labellisation du restaurant scolaire, pour son engagement dans le programme «Manger bio et local», Sauvagnon – qui a aussi accueilli le forum départemental dédié à ce sujet – a été mis à l’honneur lors du Congrès national des maires, à Paris. Bernard Peyroulet s’est exprimé lors d’une table ronde portant notamment sur le sujet de la restauration scolaire, ses enjeux sociaux et environnementaux. Sur la nécessité, en fait, «d’actionner tous les leviers essentiels pour le développement de l’enfant, au-delà des outils scolaires».
L’occasion rêvée, pour Bernard Peyroulet, de mettre en avant le travail réalisé dans le village, par les acteurs de la cantine, du centre d’accueil et plus globalement par les commissions municipales en charge des affaires scolaires et de l’environnement». « Ïl y a de vrais enjeux, sociaux, environnementaux, sociétaux. J’ai rappelé que nous sommes au-delà des critères de la loi Egalim avec 30% de produits locaux et 17% de bio au restaurant scolaire. Chez nous, tout le monde peut manger, bien et pour un prix modéré (3,29€ le coût du ticket pour les familles, sur un prix réel moyen de 5,25€ par repas). Chez nous les rythmes scolaires ont été revisités autour des temps de repas, ce qui facilite les apprentissages durant le temps scolaires. Chaque jour environ 300 enfants – sur 360 scolarisés – déjeunent à la cantine de l’école. »